[Plein de monde !] La Grande Invasion

Joachim jeta un coup d'œil fébrile à la grande horloge sans aiguille qui siégeait sur le mur principale de sa salamandrière.
Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter la proposition de Scorpius Price ? Et surtout, quand est-ce qu'il avait bien pu imaginer qu'il ferait un superbe conférencier ès salamandres ?

Parce que pas plus tard que dans deux minutes, c'était toute une horde d'adolescents, sauvages et dépravés, curieux et volubiles, qui allait débarquer dans le calme paisible de son petit élevage, à proximité de Beauly, en plein cœur des Highlands écossais.
Bon, Joachim n'avait jamais été du genre farouche et se sentait à son aise au beau milieu d'une grande foule. Mais de là à se propulser grand pédagogue et s'adonner à un cours magistral devant une flopée d'élèves de Poudlard, qui avaient à tout casser une petite dizaine d'années que moins que lui ...

* Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur raconter pendant deux heures ? *

Une fois qu'il aurait présenté ses précieuses salamandres et qu'ils auraient fait deux fois le tour de l'enclos, le temps allait mettre un moment à s'écouler.

* Bon, on va dire que l'improvisation, y a que ça de vrai ! *

Pourquoi improviser quand cela faisait deux bons mois que Price l'avait contacté pour organiser cette petite virée ? Joachim avait oublié le rendez-vous ?
Même pas ! C'était juste sa procrastination (pas si légendaire) qui avait pointé le bout de son nez. De l'autre côté de Noël, le 7 janvier était dans une éternité. Puis il n'avait resté que deux semaines (y a le teeeeeeeemps), une semaine (on va pas penser à ça pour la St Sylvestre !!?), cinq, quatre, trois, deux, un jour. Il avait vaguement commencé à paniquer la veille au soir, avant de s'endormir rétamé (les toutes jeunes salamandres avaient fait le mur dans la nuit et il avait passé la journée à leur courir après).

Il était donc là, en ce jeudi 7 janvier 2016, à presque dix heures du matin, en train de guetter l'éclat bleuté du portoloin qui devait emmener les élèves du professeur Price, enseignant en SACM. Une étudiante lui avait également envoyé un hibou pour lui confirmer sa présence. A titre de juge ou de soutien psychologique, il ne savait pas trop.

Pour se donner du cœur au ventre, quand il se serait bien avalé quelques rasades d'un truc un peu fort, Joachim se mit en devoir d'entonner « Do the Hypogriff » à plein poumon.

« Boogie down like a unicorn
No stoppin' till the break of dawn
Put your hands up in the air
Like an ogre, who just don't care »

Quand les premiers élèves apparurent, sortis de nulle part, l'Écossais était encore en train de chanter de tout son cœur, le dos tourné aux nouveaux arrivants. IL aurait pourtant juré qu'ils allaient arriver par le Nord.

Spoiler:

Lorsque le Professeur Prince leur avait suggéré une sortie dans une salamandrière dans le cadre de leur cours de soins aux créatures magiques, Stella avait considéré l’opportunité comme étant possiblement rentable. Cela lui permettrait sans contredit d’approfondir la matière vue en classe et de donner un peu plus de corps à ses travaux à venir pour le restant de l’année. En plus, cela ne ferait pas de tort que de sortir un peu de l’enceinte du château pour savourer un peu d’air frais. Estimant que l’occasion lui permettrait de faire d’une pierre deux coups, elle annonça à Dean qu’elle voulait y participer.

En premier lieu, il rigola. Jusqu’à ce qu’il ne réalise qu’elle était sérieuse.

« Tu sauras que ce genre d’activité peut être aussi instructive que … que divertissante. » avait rétorqué Stella au ricanement du Poufsouffle. Reprenant son sérieux, il avait levé les mains en l’air, mimant être désarmé, comme s’il savait que la bataille était perdue d’avance.

Le cours de soins aux créatures magiques était la seule classe ou Stella acceptait de travailler en équipe avec Dean. Celui-là, et celui de botanique. Étant principalement les cours où Dean arrivait à rester un minimum concentré et à ne pas la stresser, elle qui n’aurait pas supporté une seule seconde de se planter dans le moindre travail pratique.

« J’y pense, pourquoi tu ne viendrais pas, toi aussi? » lui avait-elle demandé.

Elle ne sut Dean avait accepté l’invitation par politesse, ou car il s’était tout bonnement retrouvé pris au dépourvu sans excuse bidon à déblatérer aussi spontanément, mais toujours est-il que le matin du 7 janvier, il se retrouvèrent à prendre ensemble le portauloin qui les mèneraient à ladite salamandrière.

Stella se sentit étourdie, puis fut prise d’un violent haut-le-cœur alors que le portauloin les transportaient en un claquement de doigts.

Elle ne pouvait s’empêcher d’appréhender l’apprentissage du transplanage, et espérait fortement que ce moyen de déplacement magique donnait moins la nausée.

Sans crier gare, le voyage avait pris fin et Stella atterrit brutalement au sol, roulant dans la pelouse, emmêlée dans ses longs cheveux ondulés et sa robe de sorcier. Elle tentait de retrouver le nord en époussetant les quelques brindilles qui s’étaient collés à sa chemise lorsqu’une main se tendit devant elle pour l’aider à se relever. Elle l’attrapa après une mince hésitation alors que Dean l’aidait à se remettre sur pieds.

Elle ne put empêcher ses joues de s’empourprer alors qu’il replaçait une mèche de ses cheveux de travers.

« Hum… On y va? » bredouilla-t-elle à l’intention de son ami.

Alors qu’ils débarquaient devant la salamandrière, ils eurent droit à un spectacle on ne peut plus époustouflant. Un jeune homme dans la mi-vingtaine s’époumonait sur une chanson des Bizarr’ Sisters sans se douter que tout la petite bande de Poudlard venait de faire son entrée.

Il s’aperçut soudainement qu’il n’était pas seul et lorsqu’il se retourna devant le petit troupeau d’élèves agglutinés derrière lui il stoppa net son élan chansonnier. La suite des paroles résonnait dans la tête de Stella alors qu’elle retenait son envie de s’esclaffer. Le rire de Dean à côté d’elle ne l’aidait guère à se retenir. Un rictus se forma sur ses propres lèvres et elle frappa le bras de son ami d’un coup sec, lui intimant de se taire, avant qu’il ne la fasse plonger dans un fou rire incontrôlable, mais le connaissant cela n’allait que l’encourager.

« Hum, Bonjour monsieur… monsieur? » demanda Stella qui ne connaissait guère le nom du propriétaire de la salamandrière, rompant instantanément le silence ponctué de rires cachés derrière les manches de robe de sorciers.