Elle était vraiment une étrange personne. Vraiment. Je ne savais nullement la cerner, elle était réellement atypique et déplaisait fortement aux clients de Terry. La différence, je la connais depuis deux années maintenant et pour tout dire, elle m'est par moments un peu lourde à supporter.
Mais je dois faire avec. La Bête partageant mon corps est et sera toujours présente, et ce jusqu'à ma mort. Du moins, je le pense. N'y a-t-il aucun remède pour que je me sorte de cette maladie ? Ezio m'en avait stipulé le contraire. Il y avait bien des potions qui anesthésiaient les nuits de pleine lune. Mais rien qui ne me guérirait de ma condition. Rien, et je devais porter ce lourd tribut sur mes frêles épaules de la vingtaine.
Parfaitement normal.
Mon regard gris-bleu se recentrait sur cette femme aux mœurs peu conventionnelles et l'esclandre qu'elle était en train de provoquer -malgré elle- aurait tôt fait de faire sortir Terry de ses gonds. Rien ne parvenait à l'impressionner, hormis sa femme, totalement hystérique quand il rentrait éméché lourdement d'une soirée entre potes. Alors oui, Terry ne craignait qu'une seule chose et pas des moindres : Laurence, sa femme. Face à la jeune femme, il ne cillait pas même quand cette dernière avait réduit l'espace vital de Terry. J’arquais un sourcil, conscient d'être le point de mire de toute la clientèle du Pub de Terry. Et pour tout dire, j'appréciais moyennement. Moi, qui depuis deux ans, tentait d'occulter mes nouvelles aptitudes, je me trouvais, là, en pleine lumière.
Terry bougon, de s'être fait remettre à sa place par une originale à la chevelure indigo, repris place derrière son bar sous l'accolade amicale et compatissante des fidèles. Mais je sentais qu'il ne nous quitterait pas du regard de sitôt. Ce que j'avais retenu de la tirade enjouée de mon interlocutrice ce fut un seul nom : Poudlard.
Poudlard ? C'est quoi ça ?
Après cette altercation verbale où Terry n'avait pas eu le dernier mot, pour ça je sentais qu'il allait m'en rebattre les oreilles pendant des mois et des mois, la jeune femme se concentra sur moi. Les épices parties, je pouvais allègrement sentir cette odeur morbide qui planait sur elle. Et cette saveur inexplicable de cendres, qu'elle portait. Professeur à l'école de Poudlard ? Que pouvait-elle encore bien dire ?
- Poudlard ? C'est quoi ?
J'allais sûrement paraître pour un ignorant doublé d'un débile profond, mais je n'avais jamais entendu ce terme. Et elle était Professeur ? De quoi ? Savoir gérer sa schizophrénie en public ? J'avais peur de lui poser cette question, mais je resterais toujours curieux, ce qui m'avait porté préjudice, il y a deux années de cela.
- Professeur de quoi ?
J'avais vraiment peur de sa réponse. Mais je languissais de la connaître. Un peu. Je souris à sa demande. Ce que j'étais ? Sûrement pas un Professeur de cette étrange école.
- Moi ? Je suis simple libraire à la librairie Stanford, à Londres. Rien de bien extraordinaire face à ce Poud ... lard.
Je souris. Encore. Mais il y a toujours cette chose qui me dérange chez elle.
Était-elle comme moi au final ? Ou était-elle autre chose ?